Le dix-neuvième siècle fut le siècle des luttes indépendantistes en Amérique latine, qui peuvent être considérées comme des luttes révolutionnaires au sens où l’issue supposait une rupture avec la situation antérieure : le passage de l’état de colonie à celui de nation et d’État. Mais ces guerres ont été menées par les élites créoles pour fonder des États reposant sur une partition sociale et une économie libérale, selon les modèles européens et états-uniens. En revanche José Martí, impliqué dans la première guerre d’indépendance cubaine et chef de la deuxième, a placé les luttes de libération dans une perspective révolutionnaire sociale. C’est à juste titre que les Cubains considèrent qu’il est le « père » de la nation cubaine car son projet allait plus loin que la seule indépendance politique. Il s’agissait de créer une nation originale, hors des modèles européens et américains, par-delà les différences raciales, ethniques et sociales.
L’esprit révolutionnaire né au dix-neuvième siècle a continué au siècle suivant dans un contexte de frustration des aspirations du peuple cubain dont la souveraineté fut confisquée par les États-Unis jusqu’en 1958. La révolution castriste ne surgit pas ex abrupto. Elle s’inscrit dans la pensée de José Martí. Sa longévité n’est pas le seul fait du poids d’un homme, fût-il aussi charismatique et pragmatique que Fidel Castro, elle est également le fait du peuple cubain qui, historiquement, refuse les modèles et entend forger son destin en empruntant d’autres voies.
Cet ouvrage qui montre la continuité de l’esprit révolutionnaire cubain depuis 1868 jusqu’à aujourd’hui intéressera tout lecteur portant un intérêt particulier à l’histoire de Cuba et du peuple cubain.