Au cœur d'une terre revêtue de landes et de bruyères comme d'une robe de pauvresse, en surplomb de la rivière, s'élève une citadelle dont l'origine se perd dans la nuit des temps. En ce pays ingrat, livré aux caprices de l'hiver, survit une petite communauté de villageois. Des femmes surtout qui, en l'absence des hommes partis travailler loin du pays, doivent s'acquitter des travaux des champs. Elina, qui n'a que dix-sept ans, vit auprès de sa mère, Marthe, qui tient l'unique bistrot du pays. Férue d'histoire médiévale, elle guide les visiteurs qui, en cette Belle Epoque, arrivent dans des voitures à chevaux pour visiter la citadelle. Et, un dimanche d'octobre, elle tombe éperdument amoureuse d'Alexis, qui doit hélas regagner Paris où il est étudiant. Les deux jeunes gens s'écrivent, et Elina attend chaque jour, non sans fébrilité, la venue d'Antonin, le facteur. Seulement voilà, le pays a aussi ses rôdeurs en quête d'un trésor et ses voyous de grand chemin. Un soir, elle est agressée et violée sur le chemin du village... Marie-Pierre Vincent nous donne là un roman passionnant, aux personnages bien typés. Avec finesse, elle dépeint des mentalités, donne à voir des paysages envoûtants, et mène son intrigue tambour battant jusqu'à ce matin d'avril qui voit la contrée se recouvrir d'une fine couche de poudreuse, la neige des agneaux.